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Le conflit, une opportunité au changement

Le conflit fait partie de la vie. Certaines personnes disent ne pas craindre le conflit, d’autres en revanche le redoute, se sentant angoissées, désorientées. Selon notre éducation, notre histoire, notre tempérament, notre tendance sera de le nier, de le fuir ou au contraire, de le prendre « à bras le corps » pour l’affronter, avec plus ou moins de sérénité, d’agressivité ou de combativité.

Il s’exprime sur tous nos lieux de vie, que ce soit dans le domaine familial, professionnel, associatif… Ce qui est sûr, c’est qu’il ne nous laisse pas indifférent. Mais comment définir le conflit ?

Le dictionnaire « Le Larousse » évoque « une violente opposition de sentiments, d’opinions et d’intérêts ». Cette opposition peut être externe, lorsqu’il s’agit de conflit de personne à personne(s), entre groupes, entre nations ; il peut également s’observer chez une même personne : c’est le conflit interne ou conflit psychique. Il naît de normes – sociales, familiales…- plus ou moins intégrées par les personnes qui sont confrontées à leurs pulsions, leurs envies ou leurs passions.

Le conflit serait donc partout ; il nous accompagne. Il parlerait de nos relations à nous-même et aux autres. Pourtant, avant d’entrer en conflit, différents éléments se dégagent : il y a en préambule des divergences d’opinion, d’autres points de vue, peu ou pas compris. De ces incompréhensions naissent des tensions : chacun va chercher à mettre du sens dans ce qui fait conflit et simultanément, faire un travail d’introspection, de remise en cause de son point de vue. Ainsi, le conflit nous déstabilise, tant sur le plan relationnel que personnel. A force de tension, d’affrontement, il suffira alors d’un événement déclencheur pour que le conflit soit résolument ouvert.

Ainsi, lorsque j’ai rencontré Jeanne[1] dans mon cabinet de médiation familiale ; elle était abattue à la suite de la décision de son compagnon, Jacques, de donner sa démission sans la concerter. Contrainte de reprendre son poste à temps plein, et donc moins disponible pour ses enfants, elle s’emporta un soir, reprochant à Jacques1 de chahuter avec ces derniers à l’heure du coucher. Depuis, me disait-elle, « je suis une vraie marâtre, celle qui passe son temps à râler ; j’ai le mauvais rôle et pourtant, je me sens victime de cette situation que je n’ai pas choisie ». De fait, le conflit met les individus en tension. Selon Marianne Souquet, médiatrice familiale, le conflit « a le pouvoir d’affecter notre façon de nous voir et de voir les autres ! ». Situation pour le moins inconfortable, qui altère la confiance en soi. « Moins la personne a confiance en elle, plus elle se ferme à l’autre, et ce de part et d’autre. L’interaction entre les deux personnes en conflit entre dans un cercle vicieux qui intensifie le sentiment de faiblesse et le besoin d’autoprotection de chacun »[2]. Chacun entre alors dans une spirale négative, qui alimente le conflit : le manque d’échange et de parole engendre un sentiment de perte de contrôle, de doute et d’épuisement. L’autre devient l’adversaire, celui qui attaque, dont on se défend et que l’on contre-attaque. Devant cette escalade du conflit, plus personne ne reconnaît en l’autre celui ou celle qui fut.

A ce stade, l’état émotionnel de chacune des parties écarte toute capacité de soutien ou de créativité pour faire émerger de nouvelles propositions. Dès lors, il est parfois nécessaire de faire intervenir un tiers pour résoudre les conflits. Dans le cadre de conflits familiaux, il est un professionnel, le médiateur familial, tiers neutre et impartial, qui intervient là où les personnes ne parviennent plus à s’entendre, pour prendre en compte la singularité des situations et des personnes. Il offre un espace pour penser, dire, élaborer, se projeter. En recevant des individus qui vont parler d’eux, de leurs attentes et espoirs, de leurs frustrations, leurs colères, il va aider les personnes à clarifier leurs propos, à cerner les besoins dans le but de regarder la situation autrement et ouvrir à nouvelles dispositions. Ainsi bien guidées, les personnes peuvent voir le conflit comme une opportunité, une chance pour changer les choses. Selon la façon dont il sera interrogé, parlé, ce conflit peut être source de changements vers des résolutions plus respectueuses des besoins de chacun.

Ne nous méprenons pas : parfois le conflit ne parvient pas à être résolu ; parce que ça n’est pas le bon tempo, parce que le pardon est trop difficile à donner ou d’autres raisons encore. Cela demande alors un « lâcher-prise », accepter que l’on a essayé de faire un pas. Être en conflit avec quelqu’un, c’est reconnaître son existence, c’est accepter que d’autres personnes puissent avoir des avis différents sur une situation, c’est développer une autre façon de penser. C’est un terrain d’apprentissage, qui ouvre au changement. Quelle qu’en soit son issue, le conflit nous fait grandir : apprendre à l’appréhender permet alors d’être davantage connecté à soi et ajusté aux autres.

Fanny HULIN

[1] Pour des raisons de confidentialité, les prénoms ont été changés [2] Courants de la médiation familiale, Marianne Souquet



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